Une question d’éducation (sexuelle)

30 Novembre 2021

Écrit par Clara et Emma M | Édité par Emma L | Traduit par Giulietta

Crédit illustration : Marion

Aujourd’hui, 4,1 milliards de personnes utilisent internet. Cela représente 53,6% de la population mondiale[1]. La technologie est devenue inextricablement liée à de nombreux aspects de notre vie, y compris notre vie sexuelle et amoureuse. Notre communication, mais également nos comportements sexuels peuvent être déterminés par ces nouvelles pratiques numériques. Internet est à présent un espace où n’importe qui peut chercher des informations pour s’instruire sur la sexualité, mais également trouver une communauté qui lui correspond. Les questions sur la sexualité sont au cœur des recherches internet de bon nombre de jeunes personnes. La diversité du contenu en ligne a fait d’internet une ressource gigantesque pour s’informer en termes d’éducation sexuelle. Mais qu’est-ce-que ‘l’éducation sexuelle’ au juste ? Elle consiste à déterminer un cadre juridique, éthique, sensible autour de la notion de sexualité. Elle doit fournir un certain nombre d’informations sur la sexualité, sur les relations en général, transmettre des valeurs importantes comme le respect d’autrui et le consentement, tout en offrant la possibilité de répondre à divers questionnements. Enfin, ce type d’éducation doit permettre de se construire en tant qu’individu sexuel en toute sécurité. Alors que la sexualité est au cœur de nos vies, elle reste pourtant un tabou majeur dans notre société. Il est donc nécessaire de renouveler les pratiques éducatives, qui devraient pouvoir s’adapter à l’époque dans laquelle nous vivons. Dans quelle mesure les médias sont-ils devenus des outils positifs en matière d’éducation sexuelle ? Plus précisément, pourraient-ils constituer un support de santé sexuelle[2] innovant ?

Les instances d’éducation et les médias

L’éducation sexuelle se réinvente sur Internet. Face à une information manquante ou trop policée concernant la sexualité, certains jeunes ont trouvé un autre moyen pour se cultiver. La série Sex Education sur Netflix, les chaînes youtube comme Sexpédition, ou encore les comptes instagram consacrés à la sexualité ont du succès. Notamment parce qu’ils abordent des sujets dont on a du mal à parler : l’orientation sexuelle, les règles, ou la masturbation par exemple. Gabrielle Richard, sociologue du genre et des sexualités dans une interview pour Ouest France explique : « ces médias véhiculent des contre-discours autour de la diversité des corps, des genres et des orientations sexuelles, qui ne trouvent pas forcément leur place en milieu scolaire, où les cours sont conçus sur une base préventive. Et où ces sujets ne peuvent être appréhendés, en raison d’éventuelles plaintes des parents. »[3].

Une crise de l’éducation sexuelle en milieu scolaire

L’éducation sexuelle est un sujet qui, souvent, fait bondir les professeurs et inquiète les parents. Méthodes d’explication et d’apprentissage peu ou pas adaptées, de gros manques persistent et creusent un peu plus l’écart entre enfants, parents et professeurs. C’est une large majorité d’élèves qui ne sont pas satisfaits de leur éducation sexuelle. Le manque d’information cruciale est effarant ; on constate que trop peu d’heures sont consacrées à ce sujet dans l’année. Le Ministère de l’Education Nationale, chargé de faire appliquer les consignes, ne semble malheureusement pas donner au sujet son importance. En effet, si l’on se fie à son programme, il est dit “À l’école primaire les temps consacrés à l’éducation à la sexualité incombent au professeur des écoles”[4]. Interprété par une bonne partie des enseignants comme optionnel, c’est donc à la charge de l’instituteur sans réelle formation sur le sujet de décider ou non s’il sera au programme. Si l’on continue sur cette voie, il a été voté “Au moins trois séances annuelles d’éducation à la sexualité sont mises en place dans les collèges et les lycées.”[5] Il faut préciser que l’enseignant ou le personnel de l’établissement est sélectionné sur la base d’un volontariat. Ainsi, il est courant de voir que la règle des trois séances n’est pas toujours respectée. Le plus souvent, les élèves ont une journée ou demi journée réservée à la prévention du Sida mais n’ont pas à proprement parler de vrai cours sur l’éducation sexuelle. Là où l’éducation sexuelle aurait dû être enseignée à part entière, elle se retrouve reléguée dans un chapitre du cours de Science de la Vie et de la Terre (SVT). L’enseignement ne débute généralement qu’en quatrième, voire seconde et parfois même seulement en première ; le fait de l’intégrer au cours de SVT a fait que l’approche était souvent trop scientifique ou biologique. Dans l’ouvrage Ecole, sexe et vidéo, Hélène Romano explique : « les élèves, de leur côté, témoignent souvent du décalage entre ce qu’ils attendent de ces temps d’éducation à la sexualité et la façon dont ils perçoivent ces séances. »[6] Les sujets importants comme le plaisir féminin, le consentement, la relation à autrui ne sont que trop mis au banc de l’apprentissage. Il est donc naturel que certains questionnements restés en suspens se retrouvent dans les moteurs de recherche des jeunes. De plus, comme le remarque Hélène Romano « Si les textes officiels existent et posent le cadre des interventions ; si les programmes évoluent ; si les enseignants sont plus sensibilisés ; si les parents sont moins réticents à l’intervention de l’institution scolaire, tout cela n’est en effet pas suffisant pour que les élèves s’approprient les informations transmises. »[7] Il reste que l’affaire de l’éducation sexuelle est avant tout une histoire de sensibilité et d’intimité. Ainsi, internet représenterait une nouvelle possibilité qui permettrait de mieux y répondre.

Un décalage intergénérationnel

La famille, parlons-en, c’est une autre instance d’éducation importante. Tout d’abord, c’est à l’aide des parents que l’enfant se construit. C’est souvent auprès d’eux que l’adolescent entre en contact avec les règles de base en termes de relations sexuelles, comme la nécessité de se protéger pour un premier rapport, ou l’importance du consentement. Cependant, une nouvelle problématique émerge aujourd’hui, et vient s’immiscer dans la relation entre parents et enfants : celle des écrans, auxquels les adultes étaient beaucoup moins habitués. Comme l’explique Hélène Romano, « si le rapport que notre époque entretient avec la sexualité a profondément changé, (…) c’est aussi en raison de cette révolution technologique des écrans : internet, les réseaux sociaux, les téléphones portables, bouleversent le rapport à l’autre, au temps, à la communication et à l’information. »[8] L’accès à internet par le biais des téléphones portables change tout car l’enfant est plus facilement et plus tôt exposé à des images à caractère sexuel. Dans la transmission d’informations et de prévention sur la sexualité, il existe dès lors un décalage entre ce que les parents cherchent à enseigner, et ce que les jeunes ont besoin d’entendre. Dans la série documentaire France Culture “L’éducation sexuelle des enfants d’internet” réalisée par Ovidie et Nathalie Battus, des intervenants dans des établissements scolaires sur le sujet expliquent et mettent en avant ce problème. Par exemple, au collège Jules Michelet à Angoulême, ils observent régulièrement certaines réticences au sein de l’équipe éducative et du côté des parents, quant à la possibilité d’offrir aux élèves des cours de prévention sur les images pornographiques. Certains ont en effet considéré que c’était un sujet trop sensible, voire incitateur pour les plus jeunes. Mais alors, n’y a-t-il pas un risque encore plus grand lorsqu’une jeune personne se heurte à des images pornographiques sans avoir la possibilité d’avoir une réelle conversation avec un parent ou un professionnel ? La relation complexe entre parents, école et écrans s’affirme de plus en plus de nos jours. Hélène Romano le met en avant : « Écran, sexualité et école apparaissent comme les révélateurs des multiples questionnements qui traversent actuellement notre société dans son rapport à l’enfance, à la famille, à la sexualité et à l’école, mais ces questions restent difficiles à penser. »[9] Malgré les réticences des plus jeunes à se confronter à un adulte, il n’en reste pas moins que le rôle de nos parents et des professionnels de santé est absolument primordial. On remarque par ailleurs que les discours de nos parents semblent évoluer et s’adapter à notre société plus libre sur la question de la sexualité. Néanmoins, malgré ces évolutions plus que bénéfiques, on se rend compte qu’il reste nécessaire de changer les méthodes d’éducation sexuelle, et d’orienter les adultes vers de nouveaux horizons pédagogiques lorsqu’il s’agit des écrans.

Remettre en question les méthodes d’éducation sexuelle ?

Dans une société où l’écran est à portée de main, pourquoi ne pas le réinvestir comme quelque chose de positif ? C’est un outil familier avec lequel l’adolescent est à l’aise. Il y a bien un décalage quant à son utilisation, mais pourquoi le pointer du doigt et ne pas le réinventer ? Il faut bien sûr faire de la prévention, mais il peut être pertinent de voir l’intérêt que représente un support médiatique pour la transmission de valeurs. Les plateformes numériques sont devenues de véritables lieux d’échange. Dès lors, l’importance des écrans dans la vie des ados peut être exploitée de manière intelligente. Dans le cadre d’un cours, par exemple, il peut servir de support pédagogique efficace. Projection de films, d’une interview, ou encore création de projets artistiques autour du sujet semblent être les moteurs d’une nouvelle manière de faire. Le théâtre et le cinéma semblent porter l’espoir d’une nouvelle pédagogie. Par exemple, dans certaines écoles primaires françaises, un court métrage d’animation Le Baiser de la lune[10] à destination des CM1 et CM2 a été proposé pour parler des relations homosexuelles à travers l’histoire d’amour de deux poissons. Il s’agit aujourd’hui de trouver de nouvelles manières de transmettre, de prendre en compte ce que le jeune a à dire et ce dont il a besoin de parler tout en remettant en cause les préjugés.

Dans une perspective plus individuelle, l’écran peut également être un lieu d’autonomisation pour les jeunes. Poser une question ou chercher un sujet dans un moteur de recherche permet de bénéficier d’une intimité parfois précieuse et nécessaire. Nous l’avons donc compris, internet peut constituer un moyen efficace pour épancher sa curiosité, tout en restant à l’aise derrière son écran. Ludivine Demol, chercheuse-doctorante en Sciences de l’information et de la communication[11] s’exprime sur l’intérêt des réseaux sociaux : “Aujourd’hui les réseaux sociaux permettent de produire du contenu, la relation à l’information est moins verticale et plus horizontale[12]. Cela ouvre une nouvelle porte sur la production de discours, sur l’expression : on peut donner son avis quant aux institutions, aux préjugés. Les ados peuvent à présent s’exprimer, remettre en cause des discours, et accéder par eux-mêmes à un savoir, en développant un certain esprit critique.”[13]. On se rend donc compte d’un des aspects positifs des outils numériques : ils offrent une plateforme d’expression libre, pour des personnes n’ayant parfois pas voix au chapitre dans les médias traditionnels. Trop souvent pointé du doigt pour son indiscipline, l’écran devient un nouveau moyen de se renseigner, d’apprendre intelligemment et de manière ludique, tout en restant sur ses gardes.

Une nouvelle alternative d’éducation sexuelle : internet et séries TV

Et si Netflix, Youtube, Instagram étaient les nouveaux supports audio-visuels capables d’améliorer la diffusion d’une éducation sexuelle moins prise de tête ? Si l’on prend le cas de Sex Education, la série télévisée britannique créée par Laurie Nunn, diffusée mondialement depuis janvier 2019, c’est un réel succès dont il s’agit. Ce programme semble faire l’unanimité : il permet, grâce à la sphère cinématographique, de créer une bulle intergénérationnelle autour de sujets parfois fâcheux. Otis Milburn, ado complexé sur sa sexualité mais très doué pour en parler avec les autres, décide avec sa camarade Maeve de créer un espace de parole propice à l’expression des problèmes des jeunes sur leur sexualité. On retrouve donc diverses situations où des adolescents s’inquiètent, demandent conseil, et échangent entre eux. Par exemple, au début de la deuxième saison de la série, tout le lycée panique à cause de la transmission massive de la chlamydia entre les élèves. Cette situation est alors traitée à la fois avec pédagogie et humour, mettant en avant à quel point l’éducation sexuelle est importante pour contrer les idées préconçues. Tout au long de la série, on observe une réelle dynamique entre ce qu’il se passe au lycée avec les professeurs, entre les élèves, mais aussi dans la vie privée de chacun. Par exemple, dans le cas de soirées arrosées entre jeunes, ou lors de conversations avec les parents à la maison. La série donne aussi de la visibilité à des sujets encore tabous comme la masturbation féminine, l’agression sexuelle et les complications juridiques et psychologiques qui l’accompagnent, l’asexualité, ainsi que toutes les formes d’orientation sexuelle. La série est couplée d’un “Petit manuel d’éducation sexuelle”, que l’on peut retrouver en pdf gratuitement sur le site de la série (sexeducation.fr) qui se décline selon les pays et les langues. Sex Education est une véritable encyclopédie des codes de la sexualité. Cette série décalée est une ode à l’amour, au sexe et à l’amitié, elle détruit les clichés et met en avant la complexité de notre éducation sexuelle avec bienveillance.

En outre, on ignore souvent qu’il existe de véritables mines d’or en termes d’information sur la santé sexuelle sur internet. Des sites utiles, pertinents, adaptés aux utilisateurs sont à la disposition de tous. La plateforme numérique sexysoucis.fr en est un parfait exemple : conçue par un collectif féministe engagé pour la santé sexuelle et la réduction des risques, elle s’adresse à tous et fonctionne sur le principe des questions – réponses. Dans la présentation du site, les administrateurs précisent :“Le but de ce projet, c’est de t’apporter des réponses claires et précises sur la sexualité au sens large ou de te diriger vers les personnes en mesure de te répondre le cas échéant. (…) Tu ne trouveras pas de jugement ici, mais une vision positive et radicalement inclusive des identités et des sexualités. Pose ta question : si c’est urgent plutôt par message privé sur Facebook, Twitter, Instagram ou par mail à sexysoucis@gmail.com, on te répondra au plus vite !”[14] Consulter un tel site est efficace pour un jeune cherchant des informations et des réponses à des questions ciblées. Le site est également orienté vers des plateformes de renseignements officielles, comme gynandco, (un site de gynécologie qui permet de trouver sa soignante en ligne), Sida Info Service, le Planning Familial, SOS Homophobie, ou Stop Violences Femmes (3919). De même, les réseaux sociaux comme instagram ou tumblr développent des comptes intelligents, éducatifs et ouverts d’esprit. De plus en plus aujourd’hui, une multitude de chaînes Youtube éducatives voient le jour, impliquant différents intervenants. Ainsi internet et plus généralement la pop culture constitueraient des moyens d’innover en la matière, d’une manière plus souple et moins dérangeante.

Les sujets tabous à l’écran

Qui ne s’est jamais tourné vers son moteur de recherche pour obtenir une question trop difficile à poser ? Aujourd’hui, de nombreuses personnalités prennent la parole pour dénoncer, prévenir et dialoguer sur une variété de sujets considérés comme tabous dans notre société. Ces modes de communication installent une nouvelle manière de rassembler les personnes autour de sujets sensibles et de créer une nouvelle sorte de prévention, plus libre. Dès lors, la question du plaisir, de la confiance en soi, de la découverte et la réappropriation de son corps par la masturbation ainsi que la question de la « virginité », le consentement et la représentation des sexualités LGBTQIA+ sont des problématiques qui semblent facilement abordées sur un écran.

Internet, le lieu de toutes les visibilités

Il est très intéressant de voir comment internet peut amener plus de visibilité sur certains sujets sensibles. Tous semblent s’axer sur un point commun : la question des tabous, des complexes et notamment du body shaming, pour se réapproprier notre corps trop souvent emprisonné par l’opinion. Que ce soit avec le hashtag #loveyourself, #bodypositive ou #effyourbeautystandards, le message est clair : on déconstruit l’idéal d’un corps parfait et retouché et on promeut l’acceptation de soi. Ces comptes d’influenceurs sont un véritable soutien pour montrer qu’il n’existe pas une forme de beauté.          

Il en est de même pour la grande variété des représentations LGBTQIA+ qu’offrent les réseaux sociaux. Sur Youtube par exemple, on trouve une généreuse quantité de chaînes queer anglophones, mais aussi françaises. La chaîne Princ(ess)e LGBT par exemple, rassemble un contenu bienveillant, et se place au cœur de problématiques comme la difficulté du coming out, la transidentité, ou l’homophobie. La chaîne France Vulve précise également dans plusieurs vidéos “Comment se protéger lors d’un rapport lesbien” et présente un tutoriel sur “l’utilisation de la digue dentaire”. On assiste aussi à l’émergence de youtubeurs de plus en plus inclusifs, qui abordent la question des minorités : Monsieur Wild, youtubeur français, parle de la visibilité des handicapés dans la communauté LGBTQ+ : “Je veux montrer l’existence de la communauté sourde et LGBTQ+”, explique-t-il en langue des signes dans sa vidéo “Sourd et Gay”. Un second exemple serait Hannah Witton, youtubeuse britannique et éducatrice sexuelle qui met à l’honneur une parole libérée sur la sexualité en situation de handicap. Ainsi tout internaute a la possibilité d’être représenté à l’écran. Toute cette visibilité à destination de la communauté LGBTQIA+ est aussi une mine d’information qui peut servir à tout le monde ! S’informer, c’est mieux comprendre la ou les communautés que l’on défend, leurs revendications, leurs difficultés, leurs luttes, et c’est aussi une première étape pour faire évoluer ses propres comportements individuels ainsi que ses préjugés. C’est aussi en cherchant sur internet du contenu sur les questions de justice sociale et les enjeux des différentes réalités sexuelles que l’on peut faire progresser son éducation sexuelle. Ainsi, on transforme une recherche internet en une réelle opportunité d’avoir accès à des informations qui ne sont parfois pas relayées par les médias de masse.

Instagram, podcasts et Youtube, la déconstruction des clichés ?

Passons en revue les différents comptes instagram, chaînes youtube et autres plateformes en tout genre qui peuvent faire progresser notre éducation sexuelle vers moins de tabous et de nouveaux modes d’appréhension. Longtemps laissé de côté, le plaisir féminin est remis à l’ordre du jour. Une ribambelle de comptes instagram comme @jouissanceclub ou @mydearvagina avancent l’importance du clitoris, cet organe du plaisir trop souvent ignoré. Jusqu’en 2017, il est majoritairement absent des manuels scolaires de l’enseignement secondaire. Comme a pu le mettre en avant la journaliste Marlène Thomas, “auparavant, le seul organe du corps humain dédié uniquement au plaisir était mal représenté – généralement sous la forme d’un petit point indiquant le gland du clitoris-, quand il n’était pas purement et simplement oublié[15]. On peut d’ailleurs noter le rôle central de la chercheuse Odile Fillod dans la diffusion d’un modèle 3D du clitoris (imprimable) en taille réelle. Sur son site Clit’info dédié entièrement à ce fameux organe, elle tente de dépouiller le sujet de tous les mythes qui l’entourent. La plateforme comporte différentes rubriques (Histoire, Anatomie, Outils, Detox) permettant de s’informer de manière complète. Il semble que de tels sites soient très précieux aujourd’hui : lors de la rentrée 2019, les éditeurs Belin et Hachette ne représentent toujours pas le clitoris comme il se doit dans les manuels. Ainsi les réseaux sociaux peuvent devenir un lieu d’émancipation de la sexualité féminine. Rappelons également l’impact du hashtag du mouvement #MeToo, qui a permis à de nombreuses femmes de ne plus se sentir seules dans leur expérience du harcèlement sexuel. Supports audio intelligents, les podcasts font aussi découvrir de nouvelles manières d’échanger sur la sexualité. Par exemple, Le Cabinet de Curiosité féminine, créé par la journaliste Camille Emmanuelle et la sexologue Alexia Bacouël, consiste à traiter une fois par mois des sujets tabous, en lien avec des ateliers et débats organisés par des sexologues. Il y a aussi le podcast Sexplorer, que la créatrice a lancé après s’être rendu compte qu’en ne se confrontant pas «aux perspectives des autres, on ne peut pas savoir qu’il y a d’autres façons d’aimer ou de faire l’amour»[16]. Ainsi c’est en discutant, en se rendant disponible à la parole des autres qu’on peut aussi apprendre.

Le rôle de l’humour dans l’éducation sexuelle a prouvé ses succès. Autodérision et blagues permettent d’aborder plus facilement des sujets parfois redoutés. Youtube pourrait être le bon endroit pour à la fois rire et apprendre des choses sur sa sexualité. Des youtubeuses comme Queen Camille dans La boîte à Q s’expriment avec humour, légèreté et sérieux sur des sujets comme la masturbation féminine, l’épilation, ou l’aspect de la vulve. En outre, l’attention portée au vocabulaire employé pour s’adresser aux jeunes peut aussi être une manière d’adapter les discours, afin de rendre le sujet plus vivant et proche d’eux. En analysant le livret pdf ‘Petit manuel de Sex Education’ fourni en lien avec la série télévisée, on peut se rendre compte d’une telle rhétorique, destinée à un public jeune : “Tu te poses probablement des questions sur ce qu’on appelle le sexe. C’est normal. Tout le monde s’en pose et le chemin est jonché de tabous. À l’occasion de la sortie de la saison 2 de Sex Education, nous avons eu envie de te parler de cul, et d’aborder les bases d’une sexualité saine et plaisante. Le sexe, ça se découvre. Plus on communique, plus on apprend, et plus on kiffe ![17]. Ainsi ce type de média peut être vecteur d’une approche moins complexée et plus en phase avec l’état d’esprit des adolescents y ayant accès.

Vers moins de hiérarchisation des sujets abordés en cours ?

L’éducation sexuelle est intégrée aux cours de SVT durant lesquels le plus gros du sujet est abordé, mais d’un point de vue surtout biologique. Dès lors que l’éducation sexuelle ne bénéficie pas d’une place majeure dans les heures d’enseignement, une hiérarchisation s’impose entre les sujets abordés. On met surtout en avant les IST (infections sexuellement transmissibles), MST (maladies sexuellement transmissibles) et la grossesse tandis que d’autres sujets passent à la trappe, comme le plaisir et ses différentes formes, la variété des relations sexuelles ou même le consentement. Même si des interventions spéciales sont parfois organisées, elles ne sont pas suffisantes car elles se réduisent la plupart du temps à une ou deux heures dans l’année. L’approche humaine et sensible de la sexualité est comme mise à part. L’éducation sexuelle est-elle vouée à stagner ? La hiérarchisation des sujets peut avoir des conséquences sur la psyché des adolescents. Certains risquent de se sentir abandonnés dans la représentation (majoritairement hétérosexuelle) des rapports, ou largués par une approche scientifique qui oublie la dimension relationnelle et respectueuse qu’implique la sexualité.

Il est à présent nécessaire d’adapter nos discours et nos méthodes d’enseignement afin de faire progresser l’éducation sexuelle. N’est-il-pas révélateur de se rendre compte qu’internet devient l’univers parallèle d’un apprentissage trop souvent laissé de côté ? Cependant, si le contenu en ligne peut venir combler les défauts de l’enseignement en milieu scolaire, ainsi que l’absence de conversation avec nos proches sur le sujet, l’éducation sexuelle ne doit pas être réduite à cela. Education sexuelle dans la vraie vie et éducation sexuelle sur internet ne s’excluent pas l’une l’autre, au contraire. De nombreuses opportunités sont à saisir pour renouveler les pratiques éducatives.

NOTES 

[1] Chiffres provenant de la vidéo de Hannah Witton, Is online sex education a good thing?, Disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=6n8Q3rt3l-4&t=22s

[2] La “santé sexuelle” est définie par l’OMS comme “une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que comme la possibilité de vivre des expériences sexuelles agréables et sûres, exemptes de coercition, de discrimination et de violence.”

[3] Hervot Charlotte, “Chaînes Youtube, séries Netflix… L’éducation sexuelle se réinvente sur internet”, Ouest France, juillet 2019

[4] Ministère de l’Education nationale et de la jeunesse, article “Éducation à la sexualité” sur education.gouv.fr

[5] Ibid

[6] ROMANO, Hélène. École, sexe et vidéo. Dunod, 2014

[7] ROMANO, Hélène. École, sexe et vidéo. Dunod, 2014

[8] ROMANO, Hélène. École, sexe et vidéo. Dunod, 2014

[9] Ibid

[10] Court métrage d’animation français écrit et réalisé en 2010 par Sébastien Watel

[11] Ludivine Demol prépare actuellement une thèse : “La consommation pornographique des adolescentes dans leur construction identitaire genrée” (sous dir. Pascal Froissart et Benoît Lelong)

[12] “verticale” dans le sens où le jeune reçoit l’information de la part de l’adulte sans vraiment pouvoir s’exprimer ; “horizontale” dans l’idée d’un rapport plus ouvert, où le jeune communique avec l’adulte

[13] Propos recueillis dans l’émission France Culture “L’éducation sexuelle des enfants d’internet” réalisée par Nathalie Battus, décembre 2019

[14] Présentation du site Sexy Souci dans la rubrique “Notre site, c’est quoi ?” (sexysouci.fr)

[15] Thomas Marlène, Education : le clitoris passe en mode manuels, Libération, 31 octobre 2019

[16] Beziaud Emma, Difficile de parler de sexe avec vos ados ? Des podcasts, BD, vidéos Youtube peuvent le faire pour vous. Le Figaro, novembre 2019

[17] Abramow Charlotte, Le petit manuel de Sex Education

BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE

Ouvrages :

  • ABRAMOW Charlotte, Le Petit Manuel de Sex Education, septembre 2019
  • JEHEL, Sophie. Parents ou médias, qui éduque les préadolescents ? Enquête sur leurs pratiques TV, jeux vidéo, radio, Internet. ERES, 2011
  • ROMANO Hélène, École, sexe et vidéo. Dunod, « Enfances », 2014, 248 pages
  • WITTON Hannah, Doing it : let’s talk about sex, HACHETTE UK, 2017, 256 p.

Articles :

  • BAILEY J, Mann S, Wayal S, Hunter R, Free C, Abraham C, et al. Sexual health promotion for young people delivered via digital media: a scoping review. Public Health Res 2015;3
  • BEZIAUD Emma, Difficile de parler de sexe avec vos ados ? Des podcasts, BD, vidéos Youtube peuvent le faire pour vous. Le Figaro, novembre 2019
  • HERVOT Charlotte, “Chaînes Youtube, séries Netflix… L’éducation sexuelle se réinvente sur internet”, Ouest France, juillet 2019
  • LEROUX Yann, INTERNET, SEXUALITÉ ET ADOLESCENCE , ERES | « Enfances & Psy » 2012/2 n° 55 | pages 61 à 68
  • O’KEEFFE Gwenn Schurgin, CLARKE-PEARSON Kathleen and Council on Communications and Media, The Impact of Social Media on Children, Adolescents, and Families, Pediatrics 2011;127;800 March 28, 201

Sites internet, émissions, documentaires :


A MATTER OF SEX (EDUCATION)

November 30th 2021

Written by Clara and Emma M | Edited by Emma L | Translated by Giulietta

Credit illustration : Marion

Nowadays, 4.1 billion people use the internet. This represents 53.6% of the world’s population[1]. Technology has become inextricably related to so many aspects of our lives, including our sex and love lives. Our communication patterns, but also our sexual behaviours can be determined by those new digital habits. Henceforth, the Internet is a space where anyone can look for any information in order to learn about sexuality, but also to find a community that fits oneself. Questions about sexuality are at the heart of many young people’s Internet searches. The diversity of online content has made the Internet a huge resource for learning about sex education. But what is « sex education »? It consists in establishing a legal, ethical and sensitive framework for the concept of sexuality. It must provide a certain amount of information on sexuality and relationships in general, and transmit important values such as respect for others and consent, while offering the possibility of answering various questions. Finally, this type of education must enable individuals to build a healthy and secure relationship with their sexuality. While sexuality is at the heart of our lives, it remains a major taboo in our society. It is therefore necessary to renew educational practices, which should be able to adapt to the times in which we live. To what extent has the media become a positive and useful tool for sex education? More specifically, could they be an innovative sexual health[2] support?

Educational bodies and media

Sexual education reinvents itself on the internet. Faced with a lack of or overly policed information about sexuality, some young people have found other ways to educate themselves: the TV show Sex Education on Netflix, youtube channels like Sexpedition, or Instagram accounts dedicated to sexuality are successful. In particular because they approach in an uncomplicated way subjects that are sometimes difficult to talk about such as: sexual orientation, menstruation, or masturbation. Gabrielle Richard, a gender and sexualities sociologist explains in an interview for Ouest France: “these media convey a counter-speech about bodies, genders, and sexual orientations diversity, which do not fit in a school environment where courses are designed on a preventive matter. And where these subjects can not be apprehended because of possible complaints from the parents.”[3]

A sex education crisis in a school setting

Sex education is a subject that often causes teachers to cringe and parents to worry. Whether it is methods of explanation and learning not well enough adapted or not adapted at all, large gaps persist and widen the breach between children, parents and teachers. A large majority of students are not satisfied with their sex education. The lack of crucial information is frightening and too few hours are devoted to this subject during the year. The Ministry of Education, in charge of enforcing the instructions, unfortunately does not seem to give the subject the importance it deserves. Indeed, according to the program: « in elementary school, time devoted to sexuality education is the responsibility of the school teacher.”[4] Interpreted as optional by a majority of the teachers, it is therefore up to them, without any real training on the subject, to decide whether or not it will be part of the program. Continuing along this path, it was voted that « at least three annual sexual education sessions are implemented in middle and high schools. »[5]  Let’s also take into consideration that the teacher or school staff is selected on a voluntary basis. Thus, it is common to see that the three-session rule is not respected. More often than not, students have a day or half-day dedicated to AIDS prevention but do not have a real course on sexual education. Where sex education should have been taught in its own right, it is relegated to a chapter of the Life and Earth Sciences (LSE) course. In general, these kinds of courses only begin in 8 th grade, or even in 10th grade, and sometimes only in 11th grade. Incorporating sex education into the LSE courses made the approach way too scientifical as much as it made it too biological. In the “School, Sex and Video” book, Hélène Romano explains: « Students, for their part, often testify to the gap between what they expect from these sexual education sessions and how they truly perceive them. »[6] Important topics such as female pleasure, consent, and relationships with others are all too often left out of the learning process. It is therefore natural that some unanswered questions find their way into the young people’s search engines. Moreover, as Hélène Romano notes: « If official texts exist and set the framework for interventions; if programs are evolving; if teachers are more aware; if parents are less reluctant to the intervention of the school institution, all this is indeed not enough for students to appropriate the information transmitted. ».[7] Sexual education remains above all a matter of sensitivity and intimacy. Thus, the Internet would represent a new possibility which would allow young people to better answer it. 

An intergenerational gap

Let’s talk about family : an other important instance of education. First of all, it is with the help of the parents that the child builds itself. It is often with them that the teenager is introduced to the basic rules of sexual relationships, such as the need to protect oneself for the first time, or the importance of consent. However, a new issue is emerging today, and is interfering in the relationship between parents and children: the screens, to which adults are much less used to. As Hélène Romano explains: « if the relationship that our era maintains with sexuality has profoundly changed, […] it is also because of this technological revolution of screens: internet, social networks, cell phones, disrupt the relationship to the other, to time, to communication and to information. »[8] Access to the internet through cell phones changes everything because the child is more easily and earlier exposed to sexual images. Transmitting information and the prevention of sexuality therefore encounter a gap between what parents try to teach and what young people need to hear. In the France Culture documentary series “L’éducation sexuelle des enfants d’internet” directed by Ovidie and Nathalie Battus, speakers in schools explain and highlight this problem. For example, at the Jules Michelet secondary school in Angoulême, they regularly observe certain reticence within the educational team and on the parents side, as to the possibility of offering prevention courses on pornographic images to students. Some considered it too sensitive of a subject, even incentive for the youngest. But then, isn’t there an even greater risk when a young person encounters pornographic images without the opportunity to have a real conversation with a parent or a professional? The complex relationship between parents, school and screens is becoming more and more important nowadays. Hélène Romano highlights it: « Screen, sexuality and school appear as the revelations of the multiple questions that currently cross our society in its relationship to childhood, family, sexuality and school, but these questions remain difficult to think about. »[9] Despite the reluctance of the youngest to confront an adult, the role of our parents and health professionals remains absolutely essential. We also notice that our parents’ discourses seem to evolve and adapt to our freer society on the matter of sexuality. Nevertheless, in spite of these more than beneficial evolutions, we realize that it is still necessary to change the sexual education methods, and to orientate the adults towards new pedagogical horizons when it comes to screens. 

Questioning sex education methods?

In a society where screens are at hand, why not reinvest it as a good and positive thing ? It is a familiar tool that the teen is comfortable with. There is a gap in its use, but why blame it and not reinvent it ? Of course, prevention is necessary, but it can also be relevant to see the interest that media supports represent for the transmission of values. Digital platforms have become real places of exchange. Therefore, the importance of screens in the life of teenagers can be exploited in an intelligent way. In the context of a class course, for example, it can serve as an effective teaching aid. Projection of a film, of an interview, or of the creation of artistic projects around the subject seem to be the driving forces behind a new way of doing things. Theater and cinema seem to carry the hope of a new pedagogy. For example, in some French elementary school, a short animated film called « Le Baiser de la lune » (The Kiss of the Moon)[10] aimed at fifth and sixth graders, was proposed to talk about homosexual relationships through the love story of two fishes. Today, it is a matter of finding new ways of transmitting, of taking into account what young people have to say and what they need to talk about while questioning prejudices.

From a more individual perspective, the screen can also be a place of empowerment for young people. Asking a question or searching for a topic in a search engine allows for privacy that is sometimes precious and necessary. We have understood it, the Internet can be an efficient way to express one’s curiosity, while remaining comfortable behind one’s screen. Ludivine Demol, researcher and doctoral student in Information and Communication Sciences[11], speaks about the interest of social networks : « Nowadays, social networks make it possible to produce content; the relationship to information is less vertical and more horizontal[12]. This opens a new door to the production of discourse, to expression: one can give one’s opinion on institutions, on prejudices. Teenagers can now express themselves, question discourses, and access knowledge by themselves, by developing a certain critical spirit. »[13]. This is one of the positive aspects of digital tools: they offer a platform for free expression, for people who sometimes have no voice in traditional media. Too often pointed out for its indiscipline, the screen becomes a new way to get information, to learn intelligently and in a playful way, while remaining on guard.

A new alternative for sex education : internet & tv series

What if Netflix, Youtube, Instagram were the new audio-visual media capable of improving the dissemination of less heady sex education ? Let’s take for example Sex Education, the British TV series created by Laurie Nunn, broadcast globally since January 2019 : it is a real success. This program seems to be unanimous : it allows, through the cinematic sphere, to create an intergenerational bubble around sometimes unfortunate topics. Otis Milburn, a teenager with a complex about his sexuality but very good at talking about it with others, decides with his friend Maeve to create a space for young people to express their problems about their sexuality. There are various situations where teenagers worry, ask for advice, and share with each other. For example, at the beginning of the second season, the whole school panics because of the massive transmission of chlamydia between the students. This situation is then treated with both pedagogy and humor, highlighting how important sex education is to counter preconceived notions. Throughout the series, there is a real dynamic between what happens at school with the teachers, between the students, but also in the private life of each one. For example, in the case of drunken parties between young people, or in conversations with parents at home. The series also gives visibility to still taboo subjects such as female masturbation, sexual assault and the legal and psychological complications that accompany it, asexuality, and all forms of sexual orientation. The third season, to be released in October 2021, also addresses non-binarity and the harms of taboos on sex. The series is accompanied with a « Small manual of sexual education », which can be found in pdf for free on the site of the series (sexeducation.fr) which is declined according to the countries and languages. Sex Education is a real encyclopedia of sexuality codes. This offbeat series is an ode to love, sex and friendship, it destroys clichés and highlights the complexity of our sexual education with kindness. 

En ouIn addition, it is often overlooked that there is a wealth of information on sexual health on the Internet. Useful, relevant and user-friendly sites are available to all. The digital platform sexysoucis.fr is a perfect example: designed by a feminist group committed to sexual health and risk reduction, it is aimed at everyone and works on the principle of questions and answers. In the presentation of the site, the administrators specify : « The goal of this project is to provide you with clear and accurate answers about sexuality in the broadest sense, or to direct you to the people who can answer your questions if necessary. You will not find judgment here, but a positive and radically inclusive vision of identities and sexualities. Ask your question : if it is urgent, ask it rather by private message on Facebook, Twitter, Instagram or by email to sexysoucis@gmail.com, we’ll get back to you as soon as possible! »[14] Consulting such a website is effective for a young person seeking information and answers to targeted questions. The site is also oriented towards official information platforms, such as gynandco, (a gynecology site that allows you to find your caregiver online), Sida Info Service, Planning Familial, SOS Homophobie, or Stop Violences Femmes (3919). Similarly, social networks like Instagram or Tumblr are developing smart, educational and open-minded accounts. More and more today, a multitude of educational Youtube channels are emerging, involving different stakeholders. Thus, the internet and more generally pop culture would constitute ways to innovate in this area, in a more flexible and less intimidating way.

Taboo subjects on screen

Who hasn’t turned to their search engine for answers to a question that’s too hard to ask? Today, many personalities are taking the floor to denounce, prevent and engage in dialogue on a variety of subjects considered taboo in our society. These modes of communication install a new way of bringing people together around sensitive subjects and of creating a freer, new kind of prevention. Therefore, the question of pleasure, self-confidence, the discovery and reappropriation of one’s body through masturbation as well as the question of “virginity”, consent and the representation of LGBTQIA + sexualities are issues that seem more easily addressed on a screen.

Internet, the place of all visibility

It is very interesting to see how the internet can bring more visibility to certain sensitive subjects. All of them have one thing in common: the issue of taboos, complex, and in particular body shaming, to reclaim our bodies too often imprisoned by public opinion. Whether using the hashtag #loveyourself, #bodypositive or #effyourbeautystandards, the message is clear: we deconstruct the ideal of a perfect, retouched body and promote self-acceptance. These influencer accounts are a real help in showing that there is not just one form of beauty.

The same is true for the wide variety of LGBTQIA + representations offered by social media. On Youtube for example, there is a generous amount of queer English-speaking channels, but also French. The Princ (ess) e LGBT channel brings together benevolent content and places itself at the heart of issues such as the difficulty of coming out, transidentity, or homophobia. The France Vulve channel also specifies in several videos « How to protect yourself during lesbian intercourse » and presents a tutorial on « the use of the dental dam ». We are also witnessing the emergence of more and more inclusive YouTubers, who address the issue of minorities: Mr. Wild, French YouTuber, talks about the visibility of the disabled in the LGBTQ + community: “I want to show the existence of the deaf community. and LGBTQ +, ”he explains in sign language in his“ Deaf and Gay ”video. A second example would be Hannah Witton, a British YouTuber and sex educator who honors free speech about sexuality with disabilities. Thus any Internet user has the possibility of being represented on the screen. All this visibility for the LGBTQIA + community is also a wealth of information that can be useful to everyone! Informing yourself means better understanding the community or communities you are defending, their demands, their difficulties, their struggles, and it is also a first step in changing your own individual behavior as well as your prejudices. It is also by searching the internet for content on social justice issues and the challenges of different sexual realities that one can advance one’s sexuality education. Thus, we transform an internet search into a real opportunity to have access to information which is sometimes not relayed by the mass media.

Instagram, podcasts and Youtube : the deconstruction of clichés?

Let’s review the different Instagram accounts, youtube channels and other platforms of all kinds that can advance our sex education towards less taboos through new ways of understanding. Long left aside, female pleasure is back on the agenda. A host of Instagram accounts like @jouissanceclub or @mydearvagina promote the importance of the clitoris, this organ of pleasure too often overlooked. Until 2017, it was largely absent from secondary school textbooks. As the journalist Marlène Thomas put it forward: “previously, the only organ in the human body dedicated solely to pleasure was poorly represented – generally in the form of a small dot indicating the glans of the clitoris, when it was not. not purely and simply forgotten. »[15]. We can also note the central role of researcher Odile Fillod in the distribution of a 3D model of the clitoris (printable) in real size. On her Clit’info site dedicated entirely to this famous organ, she tries to strip the subject of all the myths that surround it. The platform has different sections (History, Anatomy, Tools, Detox) for comprehensive information. It seems that such sites are very valuable today: at the start of the 2019 school year, the editors Belin and Hachette still do not represent the clitoris as it should in the manuals. In this way, social networks can become a place of emancipation for female sexuality. Let us also remember the impact of the hashtag of the #MeToo movement, which has made it possible for many women to no longer feel alone in their experience of harassment and sexual assault. Intelligent audio media, podcasts also discover new ways of discussing sexuality. For example, The Cabinet of Feminine Curiosity, created by journalist Camille Emmanuelle and sexologist Alexia Bacouël, consists of dealing with taboo subjects once a month, in connection with workshops and debates organized by sexologists. There’s also the Sexplorer podcast, which the creator launched after realizing that by not confronting « other people’s perspectives, you can’t know that there are other ways to love or to make love »[16]. So it is by discussing, by making oneself available to the words of others that one can also learn.

The role of humor in sex education has proven to be successful. Self-mockery and jokes make it easier to tackle sometimes dreaded subjects. Youtube could be a great place to both laugh and learn about your sexuality. Yououtubers like Queen Camille in La Boîte à Q express themselves with humor, lightness and seriousness on subjects such as female masturbation, waxing, or the aspect of the vulva. In addition, attention to the vocabulary used to address young people can also be a way of adapting speeches, in order to make the subject more alive and close to them. By analyzing the pdf booklet ‘Small manual of Sex Education’ provided in connection with the television series, one can realize such rhetoric, intended for a young audience: « You are probably asking yourself questions about what is called sex. It’s normal. Everyone is wondering about it and the path is littered with taboos. On the occasion of the release of Season 2 of Sex Education, we wanted to talk to you about ass, and cover the basics of healthy and enjoyable sex. Sex can be discovered. The more we communicate, the more we learn, and the more we enjoy! »[17]. Thus this type of media can be a vector for an approach that is less complex and more in tune with the state of mind of the adolescents having access to it.

Towards less prioritization of topics covered in class?

Sexuality education is integrated into SVT courses where most of the subject is covered, but mainly from a biological point of view. Since sex education does not enjoy a major place in teaching hours, a hierarchy is necessary between the topics covered. The emphasis is on STIs (sexually transmitted infections), STDs (sexually transmitted diseases) and pregnancy while other subjects are neglected, such as pleasure and its different forms, the variety of sexual relations or even consent. Even if special interventions are sometimes organized, they are not sufficient because they are reduced most of the time to one or two hours in the year. The human and sensitive approach to sexuality is set apart. Is sex education doomed to stagnate? The hierarchy of subjects can have consequences on the psyche of adolescents. Some risk feeling abandoned in the (mostly heterosexual) portrayal of relationships, or lost by a scientific approach that forgets the relational, emotional and respectful dimension of sexuality.

We now need to adapt our discourses and teaching methods in order to advance sexual education. Isn’t it revealing to realize that the internet is becoming the parallel universe of learning too often overlooked? However, while online content can address the shortcomings of school education, as well as the lack of conversation with loved ones on the subject, sex education should not be reduced to that. Real-life sex education and internet sex education are not mutually exclusive, on the contrary. There are many opportunities to be seized to renew educational practices.

NOTES 

[1] Numbers from the video of Hannah Witton, Is online sex education a good thing?, Available on : https://www.youtube.com/watch?v=6n8Q3rt3l-4&t=22s

[2] La “santé sexuelle” est définie par l’OMS comme “une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que comme la possibilité de vivre des expériences sexuelles agréables et sûres, exemptes de coercition, de discrimination et de violence.”

[3] Hervot Charlotte, “Chaînes Youtube, séries Netflix… L’éducation sexuelle se réinvente sur internet”, Ouest France, juillet 2019

[4] Ministère de l’Education nationale et de la jeunesse, article “Éducation à la sexualité” sur education.gouv.fr

[5] Ibid

[6] ROMANO, Hélène. École, sexe et vidéo. Dunod, 2014

[7] ROMANO, Hélène. École, sexe et vidéo. Dunod, 2014

[8] ROMANO, Hélène. École, sexe et vidéo. Dunod, 2014

[9] Ibid

[10] Court métrage d’animation français écrit et réalisé en 2010 par Sébastien Watel

[11] Ludivine Demol prépare actuellement une thèse : “La consommation pornographique des adolescentes dans leur construction identitaire genrée” (sous dir. Pascal Froissart et Benoît Lelong)

[12] “verticale” dans le sens où le jeune reçoit l’information de la part de l’adulte sans vraiment pouvoir s’exprimer ; “horizontale” dans l’idée d’un rapport plus ouvert, où le jeune communique avec l’adulte

[13] Propos recueillis dans l’émission France Culture “L’éducation sexuelle des enfants d’internet” réalisée par Nathalie Battus, décembre 2019

[14] Présentation du site Sexy Souci dans la rubrique “Notre site, c’est quoi ?” (sexysouci.fr)

[15] Thomas Marlène, Education : le clitoris passe en mode manuels, Libération, 31 octobre 2019

[16] Beziaud Emma, Difficile de parler de sexe avec vos ados ? Des podcasts, BD, vidéos Youtube peuvent le faire pour vous. Le Figaro, novembre 2019

[17] Abramow Charlotte, Le petit manuel de Sex Education

BIBLIOGRAPHY AND SITOGRAPHY

Books :

  • ABRAMOW Charlotte, Le Petit Manuel de Sex Education, septembre 2019
  • JEHEL, Sophie. Parents ou médias, qui éduque les préadolescents ? Enquête sur leurs pratiques TV, jeux vidéo, radio, Internet. ERES, 2011
  • ROMANO Hélène, École, sexe et vidéo. Dunod, « Enfances », 2014, 248 pages
  • WITTON Hannah, Doing it : let’s talk about sex, HACHETTE UK, 2017, 256 p.

Articles :

  • BAILEY J, Mann S, Wayal S, Hunter R, Free C, Abraham C, et al. Sexual health promotion for young people delivered via digital media: a scoping review. Public Health Res 2015;3
  • BEZIAUD Emma, Difficile de parler de sexe avec vos ados ? Des podcasts, BD, vidéos Youtube peuvent le faire pour vous. Le Figaro, novembre 2019
  • HERVOT Charlotte, “Chaînes Youtube, séries Netflix… L’éducation sexuelle se réinvente sur internet”, Ouest France, juillet 2019
  • LEROUX Yann, INTERNET, SEXUALITÉ ET ADOLESCENCE , ERES | « Enfances & Psy » 2012/2 n° 55 | pages 61 à 68
  • O’KEEFFE Gwenn Schurgin, CLARKE-PEARSON Kathleen and Council on Communications and Media, The Impact of Social Media on Children, Adolescents, and Families, Pediatrics 2011;127;800 March 28, 201

Sites internet, émissions, documentaires :

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